Ufuk Bahar Dördüncü www.ufukbahar.com

KARLSRUHE, BADISCHE NEUESTE NACHRICHTEN BADENDDRUCK G.M.B.H. “Deux sœurs en communion pianistique”

Pour ceux qui ne le sauraient pas, les duos de piano sont composés d'une façon évidente surtout de femmes, et presque toujours de sœurs. Nous connaissions jusqu'à présent surtout les Labèques et les Pekinel , il s'agira dorénavant de retenir également les noms de Ufuk et Bahar DORDUNCU. Malgré leur jeunesse, elles sont déjà parvenues à un remarquable niveau de jeu et d'ensemble pianistique.
Op. 56 de J. Brahms : La coordination extrêmement délicate de deux pianos dont il est très difficile de synchroniser les attaques ne présente pas de problème pour les DORDUNCU. Leur jeu se mêle d'une façon admirable et les coloris sonores individuels se marient au mieux.

Même dans les variations les plus tumultueuses, d'une densité toute symphonique, les deux pianistes gardent leur souveraineté. Elles font entrer la perspective dans la sonorité et elles la structurent d'une dynamique intelligente et sensible.

Op. 78 Rondo en la de Fr. Chopin : Entre les attaques éminemment virtuoses et l'admirable masse sonore de ce morceau, Ufuk et Bahar DORDUNCU confectionnent une dentelle souple et chatoyante. Elles mettent en évidence les moments saillants du morceau et il est étonnant de constater comme leur jeu est à l'unisson. Cette capacité est encore plus remarquable dans Mikrokosmos de B. Bartok où l'on perçoit à tout moment une pulsation musicale parfaitement partagée.

Ce qui est tout aussi remarquable, c'est que les pianistes même dans les pièces fortement percussives, ne laissent jamais prédominer ces tonnerres pianistiques, mais qu'elles transcendent la dureté martiale de B. Bartok par une culture du son et du toucher incomparable.

Qu'elles n'aient point besoin de craindre la comparaison avec les célèbres duos de piano, elles l'ont prouvé définitivement dans la suite op. 5 de S. Rachmaninov. Le duo pianistique discipline les masses sonores des phrases denses et parfois surchargées avec une totale maîtrise et ceci sans rien enlever au charme sensuel de cette musique. Après la lente partie rêveuse, elles nous entraînent dans le final, fresque sonore des pâques russes, en faisant jouer tous les registres de ce feu d'artifice, qui se prolonge encore dans les deux bis.